Le 4 décembre j'ai volé de Seattle vers Washington DC via Houston pour participer à une retraite de la Foi, un rassemblement d'environ 60 leaders chrétiens de tout le pays pour discuter de l'état d'affliction post-électorale de la Nation et pour discerner ce que l'Esprit avait à nous dire en ces temps troublés.
Le voyage commença de manière intéressante par deux conversations spéciales avec des personnes qui avaient toutes deux expérimenté des traumas dévastateurs, puis trouvé de la protection et un nouvel espoir. Ces rencontres furent des rappels forts de comment Jésus continue son mouvement révolutionnaire pour apporter le changement par le bas-- au milieu des victoires politiques des puissants.
Alors que l'avion décollait de Houston vers Washington DC la jeune femme latino s'assit nerveusement à côté de moi, recourbée et tête baissée. Je lui demandai si elle était effrayée, et elle me répondit “un petit peu” . Elle me dit qu'elle ne prenait pas souvent l'avion mais revenait du Honduras.
Nous commençâmes à parler en espagnol de son éducation en Honduras et de ma longue histoire là-bas avec Gracie. Nous parlâmes de l'escalade de la violence ces dernières années, et je partageai brièvement comment les services aux communautés appauvries Tierra Nueva avaient été affectés et les défis à relever pour les personnes accompagnées pastoralement et traumatisées par cette violence.
Elle partagea alors l'histoire où comment six ans auparavant alors qu'elle vivait au Honduras des hommes armés habillés en policiers l'avaient arrêtée alors qu'elle conduisait, puis volée, tabassée et avaient terminé en dérobant sa voiture. Traumatisée par cette expérience, elle déménagea aux États-Unis où son père vit toujours, compléta son cursus universitaire en business international ici, puis en Espagne. Récemment, elle avait été embauchée par une organisation de santé internationale à Washington DC qui l'avait juste envoyée pour son premier voyage professionnel vers son pays bien-aimé et lieu de mémoires traumatiques.
Elle partagea avec moi son amour croissant et son inquiétude pour le Honduras et son désir de voir une réforme profonde qui s'adresserait aux besoins des plus pauvres. Alors que je l'écoutais, j'eus l'impression forte que Dieu la relevait vers un rôle de leadership significatif-- peut-être même à un niveau national. Elle fut émue lorsque je lui partageais mes impressions. Elle me dit comment elle se sentait poussée à retourner au Honduras pour travailler au changement. Elle partagea aussi qu'un ami chrétien qui priait pour elle, lui avait prophétisé récemment que Dieu lui donnerait un rôle public de premier plan.
Le cantique de Marie me frappa comme s'appliquant à cette jeune femme. Je lui demandai si je pouvais lui lire Luc 1:46-55. Elle acquiesça avec joie. Je sentais l'oint de l'Esprit alors que je commençais à lire “car il a bien voulu abaisser son regard sur moi, son humble servante...car le Tout-Puissant a fait de grandes choses pour moi; saint est son nom.”
Alors que je continuais à lire, plusieurs versets me sautèrent aux yeux concernant les promesses de Dieu pour le monde.
“Dieu a mis en déroute les hommes au cœur orgueilleux. Il a renversé les rois de leurs trônes et a exalté ceux qui étaient humbles. Il a comblé de biens ceux qui avaient faim; et renvoyé les riches les mains vides.”
La lecture du jour d’Isaïe 26:5-6 fait écho à ce manifeste.
“Il a renversé ceux qui habitaient les hauteurs, Il a abaissé la ville superbe; Il l'a abaissée jusqu'à terre, Il lui a fait toucher la poussière. Le pied va la piétiner, les pieds des pauvres, les pieds des impuissants.”
Je lui demandais si je pouvais prier pour elle alors que nous entamions notre descente vers le capitole et elle accepta avec plaisir. Cette rencontre fut un signe fort pour moi que le levain caché du Royaume de Dieu est actif au milieu des paysages politiques moroses, là où les puissants semblent exaltés. Dieu relève les humbles! Mais il y avait plus de signes à venir...
A mon arrivée je contactais un taxi Uber et fut bientôt ramassé pour un voyage de trente minutes jusqu'à mon hôtel. Détectant un accent du Moyen-Orient, je demandais au conducteur d'où il venait et il me dit “Yémen.” Je fus étonné de constater comme le Yémen avait été dans mon cœur ces derniers temps.
Je partageais avec lui comment j'avais suivi les événements au Yémen et avait été profondément troublé par les nouvelles d'escalade des attaques de l'Arabie Saoudite avec l'appui des États-Unis, la terreur préoccupante et la faim qui en avaient résulté. Je partageais comment le 30 octobre, j'avais survolé le Yémen sur un vol de Nairobi vers Dubaï- et comment je m'étais senti poussé à prier pour sa nation.
Il me déclara qu'il avait fui le Yémen avec sa femme et ses deux jeunes enfants moins de deux années auparavant. Il me dit que son père possédait une chaîne de supermarchés et comment il avait quitté son emploi de supervision de plus de 500 employés, voyageant avec sa famille par bus dans un périple dangereux vers l'Arabie Saoudite puis vers les USA, où il avait étudié pendant de nombreuses années lorsqu'il était plus jeune. Maintenant il appréciait un job moins stressant avec plus de temps de qualité avec sa femme et ses enfants.
Nous parlâmes des conflits du Proche Orient et de la crise des réfugiés, et je partageais avec lui mon fardeau de voir des individus Chrétiens et des églises embrasser immigrants et réfugiés. Je lui dit comment je travaillais avec des immigrants sans papier dans l'état de Washington et ressentais un appel particulier à prendre soin des prisonniers, plus spécialement des délinquants violents.
“J'admire réellement ce que vous faîtes. Il y a un grand besoin pour cela. Il y a beaucoup de fusils et de combattants partout au Yémen,” dit-il.
Sachant que la Somalie était adjacente au Yémen je partageais l'histoire d'une de mes ami(e)s somalien(ne)s vivant à Paris avait un frère en route pour l'Europe qui avait été attrapé par des pirates en Libye qui avaient demandé une rançon de 10 000 euros. Ils avaient dit à mon amie que si elle ne pouvait pas payer, ils vendraient ses organes sur le marché noir. A cet instant il pointa son index vers lui-même et dit: “J'ai moi-même été kidnappé et tenu en otage pour une rançon de 200 000$ au Yémen!”
Il partagea alors l'histoire de comment plusieurs années auparavant alors qu'il vivait au Yémen il avait été suivi alors qu'il rentrait chez lui après son travail par deux véhicules. Lorsqu'il s'arrêta pour acheter un melon d'eau, des hommes armés l'entourèrent, lui ordonnant de les suivre ou ils le tueraient. Il partagea comment ils l'avaient conduit dans les montagnes et gardé pendant quarante jours en résidence fermée. Pendant ces jours-là, alors qu'il attendait que son père paye la rançon, l'invasion par l'Arabie Saoudite s'aggravait.
“J'étais alors bien plus en sécurité dans les montagnes avec mes ravisseurs que ma famille ne l'était dans la ville. J'étais tellement inquiet pour ma famille!” dit-il.
Il me raconta comment il en vint à connaître ses ravisseurs qui le traitèrent assez bien, lui permettant même d'utiliser son téléphone portable pour rester en contact avec sa famille. Après que la rançon fut payée et qu'il ait été libéré, il apprit que l'un des leaders des militants qui l'avaient kidnappé, avait acheté une voiture avec l'argent de la rançon. Peu de temps après il eut un accident de voiture où lui et son père furent tués et ses deux frères grièvement blessés.
Je fus vraiment étonné de la tristesse de mon conducteur de taxi musulman alors qu'il me parlait de ces morts, et de la compassion qu'il éprouvait dans son cœur pour ses ravisseurs. Je lui demandai si je pouvais prier une prière de bénédiction pour lui alors que nous arrivions à l'hôtel et il accepta avec enthousiasme. Je priai que la grâce et la paix abondent pour lui et sa famille, dans le nom de Jésus, et nous ressentîmes tous les deux la présence forte et aimante de l'Esprit Saint.
Je l'avais juste appelé et nous espérons garder le contact. Je lui dis comment j'étais impressionné par son attitude vis à vis de ses ravisseurs. “Il n'y a pas de place pour de la haine dans nos cœurs,” répondit-il.
Les réunions lors du Rassemblement pour la Foi furent à la fois troublantes et encourageantes. Troublantes, les attitudes durcies envers les pauvres, les tendances à désigner les marginaux comme boucs émissaires, et l'alignement avec les intérêts des puissants identifiés par ces leaders à travers les États-Unis-- plus spécialement lorsque parmi eux se trouvent des personnes s'identifiant comme chrétiennes. Dérangeants les peurs et signes de nouvelles politiques qui blessent directement les plus vulnérables: des immigrants sans papiers, des gens de couleur, des incarcérés, des jeunes des gangs, des immigrants musulmans, des réfugiés et l'environnement.
Je fus profondément encouragé de rencontrer de nombreux Chrétiens de différents milieux, dénominations et organisations, attachés à défendre les plus fragiles en ces temps sombres. Je fus ému d'entendre un nouvel appel national basé sur Matthieu 25 pour les hommes de foi engagés à défendre les plus vulnérables.
Je suis inspiré par mes propres expériences personnelles durant ce voyage que le Royaume de Dieu va dans la direction opposée: renversant les dirigeants de leurs trônes. Dieu exalte les humbles, et remplit les affamés de biens.