Wednesday, January 11, 2012

Jose

J'ai remarqué José pour la première fois alors qu'il se tenait debout sur un trottoir sous les arcades en brique de 'la Promenade Plantée' près de la gare de Lyon. José est un homme grand et costaud, mais il a une posture tout à fait pacifique, ouverte, la main tendue vers les passants qui se dirigent vers lui. La première fois que je l'ai vu, je suis passé à côté de lui en faisant semblant de ne pas le voir. Mais cette fois-là je me suis arrêté pour lui demander comment il s'appelait et d'où il venait. Il m’a répondu en espagnol et m’a dit qu'il s'appelait José, et qu'il était espagnol. José est sans abri en France depuis 8 ans. “Je viens ici tous les jours jusqu'à ce que j’ai assez d’argent pour des cigarettes et de la nourriture” me dit-il. Une femme lui offre une cigarette, et il s'incline pour la remercier chaleureusement.

“Les français sont magnifiques” me dit-il. “Tellement gentils. Beaucoup de gens me connaissent, et ils sont bons avec moi.” Je lui demande où est-ce qu'il habite, et il me dit que son sac de couchage et ses affaires sont sous un pont. Il y habite avec une vingtaine d'autres sans-abris, des hommes, Polonais, Roumains, Français, et d'ailleurs.

Il me dit qu'il adore voyager, et qu'il a passé du temps en Hollande, et en Italie. “Peut-être que je ferai un tour vers Montpellier pendant quelques mois cet hiver pour échapper au froid.” Alors qu'il me parle en espagnol, le mot ‘barco’ me vient à l'esprit, et '5 enfants'. Je lui demande s’il a déja voyagé en bateau. Il

répond immédiatement “oui, j'ai été en République Dominicaine en bateau.” Je découvre qu'il a travaillé trois ans sur un bateau de pêche dans les Caraïbes, et qu'il a adoré. “Avez-vous des enfants ?” lui ai-je demandé. “Oui, deux, en Espagne”. Il hésite, et puis il ajoute “J’ai cinq enfants... Trois sont en République Dominicaine.” Je déduis de son hésitation et de ma parole de connaissance qu'il doit avoir de la peine par rapport à ces trois enfants. Je lui demande s’il est en contact avec eux. Il me dit qu’il a très peu de contacts, mais qu'il sait qu’il a aussi des petits-enfants.

Je lui demande s’il est d'accord pour prier que Dieu le bénisse, lui et ses enfants. Il est tout à fait d'accord, et il baisse la tête. Je le bénis de la paix de Dieu, et je prie pour sa famille en Espagne, et en République Dominicaine. La deuxième fois que je le vois, Luc est avec moi. José est content de rencontrer mon fils, et il est heureux d'être photographié. Il trouve qu'un blog au sujet des personnes sans abri à Paris est une idée géniale, et nous donne la permission de parler de lui.

“C'est important que les gens sachent qui nous sommes” me dit-il. “Les gens vivent dans la rue pour différentes raisons. Certains ont perdu leur famille. Certains ont des addictions à l'alcool, ou à la drogue. Chacun a son histoire et c'est bien que les gens comprennent.”

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