Depuis un certain nombre d'années maintenant notre prison locale loge
des prisonniers associés à des gangs dans des unités séparées pour éviter des
confrontations avec des membres de gangs ennemis. Parfois cependant le stress normal de l'emprisonnement combiné
avec des tensions internes à l'intérieur d'un gang conduit à des bagarres entre
compagnons d'infortune. C'est ainsi que, pendant presque quatre mois cet été et
cet automne, les prisonniers d'un gang particulier ont dû rester enfermés
souvent à trois dans une même cellule 24h/24 - 7 jours/7 en tant que punition
et pour son effet dissuasif.
Durant ces mois ils n'ont bénéficié ni des études bibliques
hebdomadaires, ni des temps quotidiens récréatifs hors de leurs cellules et
pour les repas. Il y a quelques semaines, j'ai pu rencontrer ce groupe pour
deux études bibliques deux jeudis de suite. Ces rassemblements de trente
minutes ont été des avant-goûts précieux du Royaume de Dieu.
La première fois où nous nous sommes rassemblés pratiquement toute la
population de prisonniers du niveau inférieur qui logeait ces hommes étaient
présents. Environ 15 hommes s'entassèrent et prirent place sur des chaises en
plastique bleu pour former notre cercle familier. Je connaissais beaucoup de
ces hommes depuis des années. Matt et moi fîmes le cercle serrant les mains de
chacun, les accueillant chaleureusement avant de commencer formellement notre
réunion par une prière.
Je parlai directement de leur étiquette officielle en tant que GMS
(Groupe posant une Menace Sécuritaire). Je les invitai à regarder comment Jésus
et ses disciples étaient aussi considérés comme un GMS.
“Vérifiez
cela les gars. Jésus lui-même fut rejeté et condamné à la peine de mort par les
autorités qui le considéraient comme une menace à la sécurité. Pierre affronte
les gens d'Israël à ce sujet dans Actes 3 :14-15, juste à l'instant où il
a leur pleine attention après qu'une personne infirme de naissance ait été
juste guérie. Est-ce que quelqu'un peut lire ces versets pour
nous ? » demandai-je.
“Dieu a
glorifié son serviteur Jésus, l'unique que vous avez livré et désavoué
en présence de Pilate, lorsqu'il décida de Le relâcher” , lit un des hommes.
“Mais vous
avez désavoué le Saint et le Juste et avez demandé l'acquittement du
meurtrier, mais vous avez mis à mort le Prince de la vie, l'unique que
Dieu a relevé des morts, un fait dont nous sommes témoins. (Actes
3:14-15).
Ces hommes
qui ont été mis à l'écart et emprisonnés identifient tout de suite la morsure
du rejet et les stigmates laissés par l'identification à une personne MS. Ils
sympathisent facilement avec Jésus qu'Esaïe a décrit plus tôt comme “celui dédaigné, et rejeté des hommes,
un souffre-douleur, habitué à la souffrance” (Esaïe 53:3). Ils sont touchés par
la reconnaissance de Dieu en Jésus—celui rejeté par le statu quo.
J'invite les hommes à aller à contre-courant de la marginalisation en
cours de Jésus, en leur donnant au
contraire de la valeur en tant que “pierre vivante, rejetée par les hommes,
mais choisie et précieuse aux yeux de Dieu” (1 Pierre 2:5). Je les invite à
choisir de le recevoir Lui que le monde n'a pas reconnu et que ses propres gens
n'ont pas accepté—et il n'y a aucune résistance. Nous finissons par des prières
pour chacun, avec une attention spéciale pour un homme qui pleurait en
racontant comment sa fille de 15 ans avait fait une overdose d'héroïne cinq
jours plus tôt.
La semaine
suivante un autre collègue Mike et moi purent prêcher le même groupe de détenus
dans une session de trente minutes qui nous sembla telle le ciel touchant
terre.
Mike apporta sa guitare et j'offris de prier pour les 12-15 hommes
pendant qu'il leur chantait un chant de louange. Mike chanta avec beaucoup de
tendresse tandis que je me frayais un chemin parmi eux à l'extérieur du cercle,
posant gentiment une main sur leur épaule et priant. Pendant la prière je
sentis un débordement d'amour divin pour ces hommes qui alla bien au-delà des
mots. Alors que je me frayais un chemin autour du cercle beaucoup d'entre-eux
essuyaient des larmes de leurs yeux. Je m'assis et leur exprimai combien je
sentais l'énorme cœur de Dieu pour chacun d'eux.
“Puis-je dire quelque chose?” demanda un énorme gars dont je ne me
souvenais pas l'avoir jamais rencontré.
“Oui, vas-y” dis-je.
Humblement il raconta un crime violent qu'il avait commis et confessa
qu'il avait même battu des personnes pour être payé. Cela conduisit l'un des
chefs du gang à partager comment
lui et beaucoup d'autres avaient de nombreuses personnes auxquelles ils
n'avaient pas pardonné et pour lesquelles ils devraient le faire. La bonté de
Dieu sembla les inciter à une vague de repentance, qui alimenta parfaitement
quelques versets de Luc qui résonnèrent en moi et en eux d'une manière fraîche.
Je demandai à l'un d'eux de lire les paroles de Jésus dans Luc 6:26-36.
“Mais je vous dis à vous qui écoutez, aimez vos ennemis, faites du bien
à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous persécutent, priez pour ceux
qui vous maltraitent... Traitez les autres comme vous voudriez qu'ils vous
traitent.”
Les hommes acquiesçaient à ces mots sonnant comme des défis, et chaque
acquiescement semblait ouvrir plus larges les portes des cœurs alors que la
lumière du Christ coulait telle une potion guérissante. S'aimer les uns les
autres était une meilleure alternative que les bagarres et la réclusion de
l'enfermement—mais l'enseignement de Jésus offrit plus.
“Si vous aimez ceux qui vous aiment, pourquoi vous attendre à une
reconnaissance particulière? Car même les pécheurs aiment ceux qui les aiment.
De même, si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien pourquoi vous
attendre à un crédit particulier? Car même les pécheurs font cela.” continua
l'homme fracassé par la vie face à une audience pleinement attentive, les codes
de la rue et de l'Amérique directement défiés.
J'explique que le mot crédit est le mot charis qui signifie grâce,
cadeau, bénéfice.
“Alors que nous nous déplaçons dans la direction opposée à l'esprit de
l'ennemi, la haine—choisissant au lieu de cela l'amour, la bénédiction, de
faire le bien et de pardonner nous recevrons de vrais bénéfices de Dieu. Et
c'est quelque chose que nous pouvons faire maintenant ici, tant qu'il y aura
des ennemis à aimer et à pardonner” continuai-je, avant que le dernier verset
ne soit lu.
“Mais aimez vos ennemis et faites-leur du bien, et prêtez, sans
attendre rien en retour ; et votre récompense sera grande, et vous serez
les fils du Tout-Puissant” —une perspective attirante pour des personnes
punies, qui elles-mêmes sont prêtes à tout pour se faire accepter dans une
nouvelle famille et recevoir l'amour du Père qu'elle qu'ait été leur attitude.
Les derniers mots “Il est lui-même bon avec les hommes mauvais et
ingrats” nous frappa tous comme un chaleureux big hug pour les truands,
invitant à entendre l'appel de Jésus à lutter jamais perçu mais étrangement
attirant :“Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.”
Durant les cinq minutes restantes avant que les gardes reviennent, nous
conduisons les hommes dans la prière, confessant leurs péchés, recevant notre
pardon, nous pardonnant nous-mêmes, pardonnant nos ennemis. Je les laisse avec
du travail pour la semaine pour continuer le processus, et il nous semble que
chacun quitte la pièce en ayant déjà goûté à la grâce, et à la récompense de
vivre en tant que fils du Père miséricordieux...en abondance.