Sunday, December 11, 2016

Un groupe posant une mesure sécuritaire vient à Jésus

Depuis un certain nombre d'années maintenant notre prison locale loge des prisonniers associés à des gangs dans des unités séparées pour éviter des confrontations avec des membres de gangs ennemis.  Parfois cependant le stress normal de l'emprisonnement combiné avec des tensions internes à l'intérieur d'un gang conduit à des bagarres entre compagnons d'infortune. C'est ainsi que, pendant presque quatre mois cet été et cet automne, les prisonniers d'un gang particulier ont dû rester enfermés souvent à trois dans une même cellule 24h/24 - 7 jours/7 en tant que punition et pour son effet dissuasif.

Durant ces mois ils n'ont bénéficié ni des études bibliques hebdomadaires, ni des temps quotidiens récréatifs hors de leurs cellules et pour les repas. Il y a quelques semaines, j'ai pu rencontrer ce groupe pour deux études bibliques deux jeudis de suite. Ces rassemblements de trente minutes ont été des avant-goûts précieux du Royaume de Dieu.

La première fois où nous nous sommes rassemblés pratiquement toute la population de prisonniers du niveau inférieur qui logeait ces hommes étaient présents. Environ 15 hommes s'entassèrent et prirent place sur des chaises en plastique bleu pour former notre cercle familier. Je connaissais beaucoup de ces hommes depuis des années. Matt et moi fîmes le cercle serrant les mains de chacun, les accueillant chaleureusement avant de commencer formellement notre réunion par une prière.

Je parlai directement de leur étiquette officielle en tant que GMS (Groupe posant une Menace Sécuritaire). Je les invitai à regarder comment Jésus et ses disciples étaient aussi considérés comme un GMS.

“Vérifiez cela les gars. Jésus lui-même fut rejeté et condamné à la peine de mort par les autorités qui le considéraient comme une menace à la sécurité. Pierre affronte les gens d'Israël à ce sujet dans Actes 3 :14-15, juste à l'instant où il a leur pleine attention après qu'une personne infirme de naissance ait été juste guérie. Est-ce que quelqu'un peut lire ces versets pour nous ? » demandai-je.  

“Dieu a glorifié son serviteur Jésus, l'unique que vous avez livré et désavoué en présence de Pilate, lorsqu'il décida de Le relâcher” , lit un des hommes.

“Mais vous avez désavoué le Saint et le Juste et avez demandé l'acquittement du meurtrier, mais vous avez mis à mort le Prince de la vie, l'unique que Dieu a relevé des morts, un fait dont nous sommes témoins. (Actes 3:14-15).
Ces hommes qui ont été mis à l'écart et emprisonnés identifient tout de suite la morsure du rejet et les stigmates laissés par l'identification à une personne MS. Ils sympathisent facilement avec Jésus qu'Esaïe a décrit plus tôt comme  “celui dédaigné, et rejeté des hommes, un souffre-douleur, habitué à la souffrance” (Esaïe 53:3). Ils sont touchés par la reconnaissance de Dieu en Jésus—celui rejeté par le statu quo.

J'invite les hommes à aller à contre-courant de la marginalisation en cours de Jésus,  en leur donnant au contraire de la valeur en tant que “pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse aux yeux de Dieu” (1 Pierre 2:5). Je les invite à choisir de le recevoir Lui que le monde n'a pas reconnu et que ses propres gens n'ont pas accepté—et il n'y a aucune résistance. Nous finissons par des prières pour chacun, avec une attention spéciale pour un homme qui pleurait en racontant comment sa fille de 15 ans avait fait une overdose d'héroïne cinq jours plus tôt.
La semaine suivante un autre collègue Mike et moi purent prêcher le même groupe de détenus dans une session de trente minutes qui nous sembla telle le ciel touchant terre.


Mike apporta sa guitare et j'offris de prier pour les 12-15 hommes pendant qu'il leur chantait un chant de louange. Mike chanta avec beaucoup de tendresse tandis que je me frayais un chemin parmi eux à l'extérieur du cercle, posant gentiment une main sur leur épaule et priant. Pendant la prière je sentis un débordement d'amour divin pour ces hommes qui alla bien au-delà des mots. Alors que je me frayais un chemin autour du cercle beaucoup d'entre-eux essuyaient des larmes de leurs yeux. Je m'assis et leur exprimai combien je sentais l'énorme cœur de Dieu pour chacun d'eux.

“Puis-je dire quelque chose?” demanda un énorme gars dont je ne me souvenais pas l'avoir jamais rencontré.
“Oui, vas-y” dis-je.

Humblement il raconta un crime violent qu'il avait commis et confessa qu'il avait même battu des personnes pour être payé. Cela conduisit l'un des chefs du gang à partager comment  lui et beaucoup d'autres avaient de nombreuses personnes auxquelles ils n'avaient pas pardonné et pour lesquelles ils devraient le faire. La bonté de Dieu sembla les inciter à une vague de repentance, qui alimenta parfaitement quelques versets de Luc qui résonnèrent en moi et en eux d'une manière fraîche.

Je demandai à l'un d'eux de lire les paroles de Jésus dans Luc 6:26-36.

Alors qu'un criminel local particulièrement bien connu lut les mots de Jésus, il nous sembla qu'ils étaient surlignés et nous touchaient chacun avec une autorité particulière.


“Mais je vous dis à vous qui écoutez, aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous persécutent, priez pour ceux qui vous maltraitent... Traitez les autres comme vous voudriez qu'ils vous traitent.”

Les hommes acquiesçaient à ces mots sonnant comme des défis, et chaque acquiescement semblait ouvrir plus larges les portes des cœurs alors que la lumière du Christ coulait telle une potion guérissante. S'aimer les uns les autres était une meilleure alternative que les bagarres et la réclusion de l'enfermement—mais l'enseignement de Jésus offrit plus.

“Si vous aimez ceux qui vous aiment, pourquoi vous attendre à une reconnaissance particulière? Car même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. De même, si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien pourquoi vous attendre à un crédit particulier? Car même les pécheurs font cela.” continua l'homme fracassé par la vie face à une audience pleinement attentive, les codes de la rue et de l'Amérique directement défiés.

J'explique que le mot crédit est le mot charis qui signifie grâce, cadeau, bénéfice.

“Alors que nous nous déplaçons dans la direction opposée à l'esprit de l'ennemi, la haine—choisissant au lieu de cela l'amour, la bénédiction, de faire le bien et de pardonner nous recevrons de vrais bénéfices de Dieu. Et c'est quelque chose que nous pouvons faire maintenant ici, tant qu'il y aura des ennemis à aimer et à pardonner” continuai-je, avant que le dernier verset ne soit lu.

“Mais aimez vos ennemis et faites-leur du bien, et prêtez, sans attendre rien en retour ; et votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Tout-Puissant” —une perspective attirante pour des personnes punies, qui elles-mêmes sont prêtes à tout pour se faire accepter dans une nouvelle famille et recevoir l'amour du Père qu'elle qu'ait été leur attitude.

Les derniers mots “Il est lui-même bon avec les hommes mauvais et ingrats” nous frappa tous comme un chaleureux big hug pour les truands, invitant à entendre l'appel de Jésus à lutter jamais perçu mais étrangement attirant :“Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.”


Durant les cinq minutes restantes avant que les gardes reviennent, nous conduisons les hommes dans la prière, confessant leurs péchés, recevant notre pardon, nous pardonnant nous-mêmes, pardonnant nos ennemis. Je les laisse avec du travail pour la semaine pour continuer le processus, et il nous semble que chacun quitte la pièce en ayant déjà goûté à la grâce, et à la récompense de vivre en tant que fils du Père miséricordieux...en abondance.