Monday, December 21, 2015

Effacer les étiquettes

Récemment, j’ai été particulièrement frappé par la pratique destructive d’étiquetage et de voir à quel point elle est répandue à notre époque. De nos jours, aux Etats-Unis, le profilage racial semble en augmentation. Une catégorisation politique  partisane et une haine directe envers des personnes d’horizons et de crédos différents croissent tandis que nous nous dirigeons vers une élection nationale. J’entends régulièrement des personnes se référant à d’autres individus en tant que républicain de droite, libéral, fondamentaliste, illégal, raciste, démoniaque, terroriste ou djihadiste.

Les personnes à Tierra Nueva ont à lutter contre les étiquettes constamment. Certains essaient d’enlever leurs tatouages qui marquent leur affiliation à un gang. D’autres cherchent à se faire employer en dépit de leur passé en tant qu’ex-condamnés. Beaucoup d’individus dont nous prenons soin ont été diagnostiqués en tant qu’atteints du syndrome de déficit d’attention (Attention Deficit Disorder), en tant que psychotiques, bipolaires, borderline ou suivant bien d’autres qualificatifs, par un personnel médical qui aura qualifié leur condition de permanente et nécessitant une médication ad aeternam.

J’ai appris à haïr le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders = Manuel de Diagnostic des Maladies Mentales) et notre code pénal actuel. L’étiquetage  déshumanise les individus, les réduisant à quelque chose de bien plus facile à emprisonner, médicaliser, déporter, haïr et même éradiquer. Les étiquettes catégorisent, piègent, poursuivent et marquent de manière presque indélébile. Heureusement, lorsque nous trouvons Jésus, nous trouvons l’espoir. Il peut retirer nos étiquettes et défaire des conditions devenues ‘permanentes’ !

Dans Luc 5:12 on trouve un homme lépreux, un état considéré comme permanent à l’époque de Jésus. La façon dont Jésus traite cet homme a très certainement défié l’entendement, le réalisme normal, limité relatif à ce qui était possible à cette époque, les amenant dans un Royaume où l’imagination est inspirée de Dieu. Dans une récente étude biblique en prison, j’ai décrit la lèpre comme un état vu comme irréversible à l’époque de Jésus. J’ai alors demandé aux prisonniers : 

“ Quels états ou étiquettes considérés aujourd’hui comme incurables et pour cette raison, permanents ? ”  Les hommes dressent alors une liste qui grossit lorsque je  relis cette histoire au cours de quatre réunions successives de 30 minutes avec d’autres prisonniers :. “drogué,” “alcoolique,” PTSD (Post Traumatic Stress Syndrom), hépatite C,” “HIV/AIDS,” “bipolaire,” “hors-la-loi” et un tas d’autres qualificatifs incluant handicapé, au stade terminal, délinquant sexuel, “chimo”(raccourci pour agresseur d’enfants), voleur, menteur, truand, psychotique.

Un certain nombre d’hommes partagent ensuite leur expérience des étiquettes “ hors-la-loi ”, “ ex-délinquant ”, “ ex-condamné ” en tant que marqueurs d’identité plutôt permanents qui les empêchent de trouver un emploi et d’être acceptés dans la société normale, y compris dans les églises. Je leur décris alors comment, suivant la Loi de Moïse, les lépreux devaient rester à distance du public, et crier “ impur ” quand ils s’approchaient d’autres personnes. Nous parlons de ce que cela serait aujourd’hui s’ils devaient crier “ Je suis un criminel ” ou “ Je suis un délinquant ” et prévenir les gens chaque fois qu’ils traversent une galerie commerciale ou vont chez l’épicier. Nous en avons bien discuté, et ces hommes ont pu voir combien les lépreux au temps de Jésus devaient “ l’avoir mauvaise ”. Nous sommes ensuite arrivés à la question de la découverte fondamentale du lépreux devant Jésus.

“ Alors que fait le lépreux lorsqu’il voit Jésus ? ” J’invite  quelqu’un à lire le prochain verset.

“ Quand il vit Jésus, il tomba face contre terre et le pria, disant, Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur ” (Luc 5:12).

Les hommes constatent l’humilité du lépreux, son désespoir et sa foi. Plutôt que de crier “ impur ”, le lépreux déclare que si Jésus le veut, Il peut le rendre propre. Les prisonniers peuvent voir que le lépreux croit Jésus capable d’enlever une maladie considérée comme incurable, de le nettoyer complètement de sa condition et de lui retirer une étiquette pensée comme permanente. Beaucoup d’entre eux ne semblent pas questionner la capacité et le pouvoir de Jésus à changer leur situation. La grande question pour eux est celle du lépreux : “ est-ce que Jésus le veut ? ”

Beaucoup de personnes prises dans des addictions, des styles de vie criminels  ou au travers de multiples étiquettes supposent que Dieu est derrière toutes leurs afflictions ou les conséquences de leurs péchés. L’hyper-souveraineté et la justice vengeresse sont inhérentes à la pensée dominante parmi les pauvres et les marginalisés. Si votre destin et votre châtiment sont écrits dans le livre de Dieu, il n’y pas d’autre choix que de s’y conformer. Par contraste, ici, le lépreux exprime une foi mince mais vraie par la qualité de déclaration qui attend la réponse de Jésus : “ Si tu veux tu peux… ” 

Jésus répond par une action directe qui dépasse la requête du lépreux. “Jésus tendit la main et le toucha”, devenant par la même contagieux aux yeux de tout observateur de la scène.

Je pose les questions : “Le lépreux lui demande-t-il, ‘si tu veux tu peux me toucher’?  “Pourquoi Jésus voudrait-il l’atteindre et le toucher?”

Les hommes sont émus par le fait que le soin que Jésus apporte au lépreux surpasse sa peur d’impureté ou ce que les gens penseront.

Jésus à la fois touche le lépreux et déclare aussi son désir de le nettoyer au lieu d’approuver et de craindre sa condition : “Je le veux, sois nettoyé.”  Immédiatement la lèpre quitte le lépreux, montrant par là même qu’elle est un envahisseur étranger qui se retire avant le toucher puissant de Jésus, de la même façon que les démons fuient à sa commande. La sainteté de Jésus est plus forte que la contagion. La pureté de Jésus surpasse l’impureté, éradiquant la contagion et effaçant l’étiquette. Jésus agit comme l’ultime effaceur de tatouages!

Jésus envoie l’homme qui est maintenant guéri de sa lèpre aux diagnostiqueurs officiels pour vérification: “va, montre-toi au prêtre et fait une offrande pour ta purification, juste comme Moïse l’a commandé, en tant que témoignage pour eux.” Jésus l’envoie comme une sorte d’apôtre aux étiqueteurs, les invitant à un réalisme robuste qui inclut le fait que Jésus éradique des conditions  pensées comme permanentes. Nous parlons de comment cela serait de pouvoir aller au tribunal, de vérifier son casier judiciaire et de trouver qu’il a été effacé ou de faire vérifier à son médecin que l’on n’a pas d’hépatite C.

Je termine l’étude Biblique en invitant les hommes à se risquer à demander à Jésus de les nettoyer d’une étiquette ou d’une condition qu’ils ont expérimentée comme permanente. Je suggère que de monter une marche dans la foi augmentera leur foi, et que cette histoire montre la volonté de Jésus de leur donner un nouveau départ. Les hommes semblent vouloir monter une marche dans l’escalier de la foi et demander que Jésus les touche, les nettoie. J’invite les personnes à exprimer en silence ce qu’elles veulent que Jésus fasse pour elles et le cercle est calme. Les yeux fermés, les hommes semblent focalisés dans la tâche, avec l’espoir à portée de main.  


Je vous encourage à prier vous-mêmes de cette façon, attendant le toucher purificateur et transformateur de Jésus. Puisse Jésus  l’effaceur d’étiquettes défier vos tendances à vous étiqueter vous-même et les autres. Puissiez-vous vous rappeler de vous voir comme Dieu vous voit, vous et les autres : faits à l’image de Dieu, une fille ou un fils aimé du Père de Jésus—notre Père. Puissions-nous laisser, notre propre et celles des autres, identités du Royaume de Dieu devenir la réalité dominante de nos états d’esprit et pratiques, “sur Terre telle qu’elle est dans les Cieux.” 

Wednesday, December 16, 2015

Un appel aux armes: les armes de l’Esprit face à la violence et la terreur-- Bob Ekblad

Le jour quand j’ai entendu les nouvelles à  propos des attaques à Paris, j’étais outré et profondément triste – un sentiment qui n’a fait qu’augmenter alors que les événements de la semaine continuaient de se dérouler, pour être remplacé par une clarification de l’appel distinct et pressant de Jésus.

La connaissance du théâtre et des cafés où les personnes ont été abattues a rendu ces attaques proches et personnelles, me dérangeant au point d’occuper l’essentiel de ma réflexion cette semaine. Cinq des six attaques ont eu lieu assez près du quartier et de l’église où nous vivions et servions en 2011 et 2012.

Une amie française m’a déclaré que ce qui la perturbait le plus était que les six attaques sont arrivées simultanément, instillant un sentiment de peur et d’insécurité à travers tout Paris. Cette peur s’est maintenant répandue à travers toute l’Europe et en Amérique du Nord – nous rattrapant avec la majorité du reste du monde.

La peur et l’insécurité avaient déjà submergé le Liban et la Turquie durant ces dernières semaines à cause de kamikazes chargés d’explosifs, et les Russes ont maintenant attribué la chute de leur vol au-dessus de la Péninsule du Sinaï à une bombe. Les réfugiés continuent à fuir l’Afghanistan, l’Iraq, le Soudan, la Somalie, l’Erythrée et d’autres endroits à cause de la guerre, et Palestiniens et Israéliens vivent avec des menaces et la violence tous les jours. Où que nous regardions, la violence engendre la terreur, qui produit de la vengeance, et accélère le cycle de tueries.  

Comment y répondre? Ma première réaction a été de vouloir être là à Paris avec nos amis et les communautés paroissiales que nous connaissons et aimons. J’ai mailé des amis, peiné à prier, regardé les informations, et prié encore. Quelques pensées me viennent à l’esprit alors que je cherche la sagesse de Dieu pour obtenir des réponses aux événements présents. Combinés avec des liens vers des articles que j’espère que vous trouverez utiles.

1)     Aime et adore le Seul Dieu, Père, Jésus le Fils et le Saint Esprit de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta raison et toute ta force. Jésus dit: “Personne ne peut servir deux maîtres; car il haira l’un et aimera l’autre, ou il sera dévoué à l’un et méprisera l’autre.

2)     Informe-toi au travers de sources d’informations fiables, telles que celle de  l’article d’Oliver Roy sur les limites stratégiques d’ISIS ou celui de Ian Black’s. La plupart des infos des medias,  malheureusement, se focalisent sur le négatif, provoquant peur et insécurité. Le travail plus caché du Royaume de Dieu n’est pas signalé.  Alors que les cellules terroristes dormantes sont assurément implantées dans la plupart des pays, des disciples de Jésus activistes et engagés dans l’amour et les bonnes actions sont aussi implantés partout, dépassant largement en nombre les djihadistes. 

     Alors que les cellules terroristes dormantes sont assurément implantées dans la plupart des pays, des disciples de Jésus activistes et engagés dans l’amour et les bonnes actions sont aussi implantés partout, dépassant largement en nombre les djihadistes. Alors que des centaines de jihadistes européens retournent en Europe après avoir combattu aux côtés d’ISIS en Syrie, de nombreux chrétiens retournent aussi en Europe et en Amérique du Nord après avoir suivi des ministères de transformation dans des écoles à travers le monde. Alors que beaucoup plus de chrétiens doivent encore être mobilisés, les fidèles de Jésus partagent l’Evangile, prennent soin des sans-abris, vont à la rencontre des migrants et des réfugiés, rendent visite aux malades et aux anciens, prennent soin des handicapés, visitent les prisons, exercent des ministères  auprès des prisonniers et s’engagent dans d’innombrables actes d’amour. L’Eglise en France est en constante augmentation, et beaucoup de nos amis français nous parlent d’une croissance de la faim spirituelle depuis les attaques contre Charlie Hebdo en janvier 2015. 

3)     Prie pour la paix et le réconfort de Dieu. Intercède pour le peuple français; pour les familles des victimes; pour les migrants et les réfugiés; pour les musulmans partout dans le monde, pour les hommes et les femmes impliqués dans ISIS et dans d’autres organisations terroristes (voir ici), pour les dirigeants européens et les nôtres dans ces temps dangereux. Prie pour l’église et les gens de paix pour qu’ils soient encore plus mobilisés partout.

4)     “Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais au contraire, vaincs le mal par le bien” (Romains 12 v21), Paul exhorte des croyants persécutés. Plutôt que d’être rattrapés par la vague de peur et d’être d’accord avec des politiques qui mettent l’accent sur la destruction des ennemis suivant les intérêts de la sécurité nationale, ou prohibant des réfugiés désespérés de pouvoir tracer leur chemin jusqu’à la sécurité, focalisons-nous sur ce qui ressemble délibérément à une victoire  du mal par le bien! Pensons-y et prions pour cela!

5)     Alignons-nous parfaitement avec l’Esprit qui releva Jésus d’entre les morts – non pas suivant le dirigeant de ce monde, le voleur qui “vient seulement pour voler, tuer et détruire “ (Jean 10 v10). Lorsque les fils de Zebedee demandent à Jésus s’ils doivent appeler le feu du ciel (pensez aux “missiles du feu de l’enfer”) aux Samaritains qui ont refusé que Jésus entre, Jésus leur adresse des reproches, disant, “Vous ne savez pas dans quell état d’esprit vous êtes, le Fils de l’Homme n’est pas venu pour détruire les vies des hommes mais pour les sauver (Luc 9 v55-56). Pendant plus de 34 ans, j’ai exercé un ministère auprès d’hommes violents, voyant beaucoup d’entre-eux donner leur vie au Dieu de vie. Joignons-nous pleinement à Jésus dans son engagement à chercher et à sauver ceux qui sont perdus.

6)     Aime activement tes ennemis et prie pour les persécuteurs. Pleure la mort des combattants ennemis plutôt que de célébrer leur destruction. Plus tôt, le 12 novembre, le même jour où les terroristes frappaient dans Paris, un drone américain annihilait quatre hommes à Raqqa, en Syrie, l’infâme Mohammed Emwazi inclus, connu sinon sous le nom de Jihadi John—le Britannique qui a brutalement décapité un certain nombre d’otages occidentaux l’an dernier. Le jour suivant, le 13 novembre, une attaque aérienne américaine tuait Abu Nabil, la tête d’ISIS en Lybie. Ces actes, accompagnés des bombardements intenses par la France de la place forte d’ISIS à Raqqa, augmentera de manière plausible l’animosité, radicalisant et mobilisant toujours plus de djihadistes et alimentant plus de représailles qui conduiront à toujours plus de violence et de mort. Ceux qui tuent eux-mêmes souffrent grandement, ainsi que le montre clairement une récente interview d’opérateurs américains de drones dans le Névada. Les disciples de Jésus doivent suivre activement Jésus dans le traitement des délinquants violents – nous distanciant de toutes les tueries alors que nous recherchons en priorité le Royaume de Dieu et la droiture visible de la vie terrestre de Jésus.

7)     S’engager activement dans le ministère de Jésus comme il le vivait dans les Evangiles, en compagnie de croyants qui s’aimaient les uns les autres. C’est la seule alternative viable qui puisse tenir tête aux aventuriers jihadistes cherchant une vision utopique. Jésus incarnait l’amour prodigue du Père pour les pécheurs, proclamant le pardon et l’amour rendu concret au travers de la guérison des malades, embrassant des pariahs, extrayant des esprits mauvais des tourmentés, confrontant les oppresseurs, préchant la bonne nouvelle “sur terre comme dans le ciel”. Avançons donc dans ce ministère, rendus puissants par l’Esprit, cherchant à partager cette vision et à recruiter de nouveaux disciples avant que d’autres ne les recrutent.

8)     Accueillir les migrants et les réfugiés plutôt que de nous mettre d’accord sur des efforts croissants pour les exclure. Il est temps aujourd’hui d’embrasser les  plus vulnérables parmi nos nations, à chercher des manières de les servir humblement et intelligemment—porter témoignage de l’amour de Dieu donnant la vie pour Jésus.

9)     Vouloir souffrir et mourir dans l’amour actif et dans le service de Dieu qu’ainsi le monde puisse voir jusqu’à où Dieu va pour prendre soin. Des combattants musulmans prêts à se faire exploser ainsi que  d’autres personnes pour faire avancer leur cause démontrent un haut  niveau d’engagement—bien que cela produise les maux de mort, chaos et terreur.

Par contraste, l’archevêque Salvadorien martyr Oscar Romero a déclaré: “La seule violence que l’Evangile admette est celle contre soi-même. Quand le Christ se laisse tuer, c’est de la violence—se laisser tuer. La violence appliquée à soi-même est plus efficace que la violence appliquée à d’autres. C’est très facile de tuer, spécialement, lorsque l’on a des armes, mais comme c’est difficile de se laisser tuer par amour pour les hommes !

Une armée de disciples totalement acquise à Jésus sortis pour démontrer la grâce et le pouvoir à l’égard des pauvres et des oppressés avancera et pénétrera dans des lieux de grande obscurité et de besoin, annonçant et  incarnant un espoir authentique.

Dans ce climat de peur, l’amour parfait de Dieu pour le Christ doit être proclamé comme jamais auparavant, contrant la rhétorique de politiciens opportunistes avec une vision plus attirante. “Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles mais divinement puissantes,  pour détruire des forteresses,” écrit Paul de sa cellule en tant qu’apôtre persécuté du Messie souffrant (Corinthiens 2 versets 10:4). Maintenant il est temps de nous armer pour la bataille avec les armes de l’Esprit incarné par le Sauveur du monde, qui a gagné la bataille en “perdant,” en donnant sa vie comme rançon pour le plus grand nombre.

Rencontres Erythréennes à Paris


La semaine dernière, alors que j’étais sur l’île de Jersey, j’eu l’intention de prendre le ferry avec un ami anglais pour St Malo en France, puis de rouler le long de la côte normande jusqu’à Calais, où nous avions prévu de rendre visite à des réfugiés qui tentaient d’entrer en Grande-Bretagne et qui vivaient dans une cité de tentes appelée la “jungle.”

J’ai été particulièrement touché par la situation des réfugiés Erythréens mais aussi par d’autres réfugiés venant de Somalie, d’Ethiopie, de Syrie et d’Iraq, fuyant la guerre et des régimes oppressifs. J’ai lu le désespoir dans lequel sont plongées les personnes cherchant à entrer illégalement en GB à travers les tunnels de l’English Channel et j’avais quelques contacts avec des chrétiens Erythréens là-bas.

Cependant, à la veille de notre voyage, le projet fut bloqué à la fois par une mer déchaînée et par l’impossibilité de mon ami de partir, me ramenant à Londres puis à Paris par le train. Je ne savais pas que Dieu m’ouvrirait la porte vers un ministère pour les Erythréens et les Africains de l’Est d’une manière complètement inattendue qui inclurait une équipe grandissante de disciples collaborateurs passionnés.

Ismahan est une jeune femme somalienne âgée de 30 ans que j’ai rencontrée pour la première fois à Tierra Nueva, il y a 4 ans. Alors qu’elle s’en retournait vers Paris, nous la mîmes en relation avec une église à laquelle nous étions très liés. Elle assista à une conférence où j’ai parlé le 19 septembre. Après la formation qui se termina tard ce soir-là, je lui demandai si elle connaissait des réfugiés d’Erythrée. Elle me répondit qu’elle pouvait me conduire à l’instant à la station de métro La Chapelle où nous pourrions chercher des réfugiés Est Africains qui se rassemblaient là avant de rejoindre Calais.

Nous prîmes donc le métro. Pendant le trajet, Ismahan me parla de son frère âgé de 16 ans qui avait été kidnappé pour une rançon par des Islamistes pendant le voyage périlleux d’Erythrée vers la Lybie et, de là, traverser la Méditerranée dans un bateau de contrebande pour l’Italie puis enfin rejoindre la France.  Elle avait besoin de trouver quelqu’un qui savait comment amener l’argent aux ravisseurs de son frère, mais craignait d’y aller seule. Elle fut contente que je sois disponible et intéressé à y aller avec elle.

Quand nous arrivâmes à l’arrêt de métro La Chapelle, nous nous mîmes à longer les trottoirs bondés d’immigrants africains, et Ismahan se mit à parler aux uns et aux autres en somali ou en éthiopien, leur demandant où se trouvaient des Erythréens ou d’autres migrants susceptibles de l’aider. Un Ethiopien offrit de nous aider, nous conduisant d’abord vers un petit parc puis par un passage souterrain où nous nous trouvâmes soudainement face à face avec quatre jeunes dont nous apprîmes qu’ils étaient d’Erythrée.

Ils nous dirent qu’ils étaient arrivés ce jour d’Italie, en route vers Calais et avec espoir pour Londres (première photo ci-dessus). Ils ajoutèrent qu’ils avaient traversé la Méditerranée dans un bateau de contrebande  quatre jours auparavant et partiraient pour Calais le lendemain matin.

Nous leur demandâmes s’ils par hasard ils n’étaient pas chrétiens et nous apprîmes que deux étaient chrétiens et deux musulmans. Nous apprîmes également que le plus jeune, un musulman âgé de 15 ans (à l’extrême gauche sur la photo) crachait du sang. Nous offrîmes de prier pour sa guérison et proposâmes une aide médicale et un hôtel où ils pourraient se reposer. Les jeunes hommes paraissaient épuisés et désespérés et furent contents de recevoir nos prières.

Alors que nous commencions à prier, un petit groupe de migrants somaliens s’approcha de nous et se mit à nous questionner. “Que faites-vous?” “Qui êtes-vous?” “Pourquoi êtes-vous là?” Ismahan me mit en garde du fait qu’ils étaient tous musulmans et que l’atmosphère spirituelle allait s’intensifiant.

Ismahan leur expliqua que je travaillais avec des immigrants sans-papier qui passaient du Mexique aux Etats-Unis, et que j’étais un pasteur qui exerçait en prison. Je serrai la main de chacun d’eux et tentai de dépasser leur inquiétude. Au bout d’un moment les hommes se dispersèrent nous laissant  avec les quatre Erythréens et l’Ethiopien qui s’intéressait à eux.

Alors qu’il sifflait une grande bière, il chuchota en mauvais anglais, “Pourriez-vous aussi prier pour moi ? Je suis chrétien. ” Je priai avec joie et remarquai qu’il avait jeté sa bière non terminée dans une poubelle.

A cet instant le frère d’Ismahan âgé de 25 ans appela, et nous le trouvâmes devant un service de transfert d’argent géré par des Somaliens sous le passage souterrain. Ensemble, nous aidâmes les Erythréens avec de l’argent pour un hôtel, leur donnâmes des livres anglaises pour leur voyage en GB, et priâmes pour eux pour eux et bénîmes leur voyage. L’Ethiopien nous déclara alors qu’il nous conduirait vers d’autres Erythréens ainsi que des personnes qui sauraient comment récupérer de l’argent pour libérer le frère d’Ismahan et de Nasar.

Nasar semble très sensibilisé à la cause des Erythréens et leur porte de manière évidente un intérêt particulier. Il exprime également de la gentillesse envers l’Ethiopien. Il passe sans problème de l’anglais au français, au somalien ou à l’arabe alors que nous engageons la discussion avec des personnes de différentes nationalités. Je sais après en avoir parlé avec Ismahan, que Nasar se considère comme musulman, et s’est néanmoins approché de Jésus. Alors que marchons, je me mets à penser que Nasar a peur de Jésus. Cette pensée me semble tellement pressante que je me risque à lui lancer gentiment : “Tu as peur de Jésus n’est-ce pas?
”  
Nasar nie avoir peur de Jésus, mais j’insiste sur cette impression, lui disant que je pense qu’il a peur mais que Jésus veut qu’il sache qu’Il le respecte. Cela attire son attention, alors je partage avec lui combien je vois qu’il a un cœur plein de compassion pour les réfugiés et les personnes qui souffrent et que, uni à Jésus, il pourrait les aider bien plus. Il est d’accord avec l’affirmation qu’il a un grand cœur pour les pauvres et semble ému par ce que j’ai dit. Je lui demande si je peux prier pour lui et il est d’accord. Nous prions alors ensemble là dans la rue avant de nous diriger vers notre prochaine mission.

L’Ethiopien nous fit signe de le suivre à travers la foule et dans le métro. “Je sais où trouver de nombreux Erythréens et des personnes qui pourront vous aider,”  insista-t-il. Et nous voilà partis, avec notre guide, Nasar et un nouvel ami somalien à lui se glissant juste derrière Ismahan et moi de façon à passer au travers des tourniquets du métro sans avoir à acheter de tickets.  Nous changeons de rames plusieurs fois et après 20 minutes environ, nous arrivons à Place des Fêtes. Nous suivons notre guide éthiopien à travers les rues et allées jusqu’à ce que nous entrions dans un bâtiment d’une école abandonnée où environ une centaine d’Africains et de Roumains sont rassemblés en plusieurs groupes dans la cour.

“Il s’agit d’un camp de réfugiés non officiel,” Ismahan me dit. Ci-dessous la photo et l’article de presse français  ici. “Ce sont tous des squatteurs et cet immeuble est condamné,” dit-elle. 
Notre guide éthiopien monte quelques marches, passe devant de grands sacs de plastique remplis de vêtements usagés récupérés à droite et à gauche. Nous entrons dans un couloir et Ismahan frappe à la première  porte. Une femme entrouvre la porte et nous intime de nous éloigner. La peur se lit dans ses yeux, Ismahan s’excuse et me dit plus tard que cette femme a probablement été violée et se sent en danger dans cet environnement essentiellement masculin.

Nous passons devant des portes ouvertes qui révèlent des rangées d’hommes entassés comme des sardines, des petits sachets avec très peu d’effets personnels à leurs côtés. Etes-vous d’Erythrée ? Ismahan leur demande dans leur langue, traduisant pour moi. Nous parcourons pièce après pièce où s’entassent les migrants : des Somaliens de Mogadishu, des Ethiopiens, mais pas d’Erythréen.  Nous traversons  de longs corridors bondés, remplis d’hommes dont certains ont pu être un jour des pirates, soldats ou trafiquants, ou encore de simples travailleurs ou paysans.

Nous passons devant des graffiti récents et des empreintes de mains dans une cage d’escalier que nous empruntons, les marches mouillées d’urine. Des odeurs pénétrantes emplissent nos narines alors que nous arrivons au troisième étage, traçant notre route le long des corridors et à travers des pièces pleines de Somaliens jusqu’à une pièce où nous pensions trouver des Erythréens.

“Non, nous sommes tous Afghans,” dit alors un homme lorsque nous nous engouffrons dans une grande pièce pleine de nids pour dormir faits avec des vêtements usagés. Dans les corridors beaucoup d’hommes trainent avec des écouteurs bien en place, parlant doucement dans leurs téléphones cellulaires.

Nous continuons plus haut, empruntant un autre escalier imbibé d’urine, à travers des corridors jusqu’à une autre porte, notre guide éthiopien nous intimant de continuer à le suivre. La soif spirituelle de ce nouvel ami éthiopien semble augmenter alors que notre voyage s’intensifie. De nombreuses fois il se tourne vers moi, pointe son cœur et dit : “s’il-vous-plaît, priez pour moi.”  

Finalement, nous atteignons une pièce qui selon lui contient des Erythréen. Après un échange prolongé à la porte, nous sommes bien accueillis à l’intérieur. Une femme enceinte avec trois jeunes enfants est assise à droite, allaitant un bébé. Trois autres femmes avec des enfants sont devant nous avec un homme. Nous apprenons qu’ils sont musulmans, mais on leur a dit qu’ils voulaient que nous priions pour eux.

L’homme nous dit qu’ils avaient tout laissé pensant trouver quelque chose de meilleur ici.  “Mais il n’y a rien pour nous ici,” dit-il. Ismahan et moi levons nos mains et prions en anglais et en français, pour la paix de Jésus sur ce ménage, des faveurs et des portes ouvertes au nom de Jésus. Je ne suis pas sûr que ce que je prie soit traduit, mais les gens apprécient. Je remarque qu’une des femmes continue à tousser comme si elle a une bronchite. Je demande à l’homme si elle est sa femme et il me répond qu’elle l’est. Je prie pour sa guérison et elle sourit.

Nous redescendons jusqu’au rez-de-chaussée et puis nous retournons vers la façade de l’immeuble, montons les marches jusqu’au premier étage et une dernière fois, à travers des couloirs plein d’hommes au regard désespéré. Je ne sais pas ce que nous sommes en train de faire, peut-être que nous cherchons quelqu’un qui pourrait aider Ismahan et Nasar à récupérer de l’argent pour leur frère.

 Cela nous submerge de voir ces gens, traumatisés par leurs périples depuis de nombreux endroits difficiles. A quels périls ont-ils survécu ? Quel futur les attend ? Alors que nous nous éloignons, un homme nous suit dans la rue. Il dit à Ismahan et Nasar que c’est la première fois qu’il entend parler sa langue depuis quelques semaines. Il dit qu’il est seul et veut une prière. Nous nous rassemblons autour de lui et le bénissons—une compagnie grandissante attirée par la mission de Jésus de chercher et sauver les perdus.

Plutôt que de trouver des chrétiens érythréens à Calais, nous avons trouvé et prié pour des érythréens musulmans à Paris, en route pour Calais. Au lieu d’exercer un ministère avec mes amis anglais, notre équipe grandissante inclut des somaliens et un éthiopien. Plutôt que de me sentir écrasé et paralysé par l’état critique de ces gens, que je ne connaissais qu’au travers de nouveaux articles de presse, je me sens ému et mobilisé.
Maintenant, de retour chez moi, la mémoire de ces scènes me hante et je prie pour ces gens en proie à l’incertitude et à la douleur. Ils me semblent des contemporains évidents des foules que Jésus décrit comme “en détresse et abandonnés comme des brebis  sans berger. ”  Jésus dit à ses disciples “la moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Implorez donc le Seigneur de la moisson d’amener davantage d’ouvriers. ” (Matthieu 9:36-38).


Je vous en prie, priez pour les migrants et les réfugiés, pour Ismahan, Nasar et notre guide éthiopien. Priez pour la liberté et un voyage sûr pour Aydarouss, le jeune frère d’Ishmahan et Nasar, âgé de 16 ans. Il manque encore 1000$ pour sa rançon. Si vous vous sentez appelé à contribuer, s’il-vous-plaît, contactez-moi.

La foi du Centurion




Dans ma lecture des nombreuses rencontres de Jésus dans l’Evangile, je suis continuellement ému par ce que ces histoires nous disent des rencontres de Dieu avec les hommes. Au travers de l’Evangile de Luc, nous voyons Jésus exercer son ministère surtout dans des endroits publics non religieux. Il enseigne sur la plage, dans les villes, dans les maisons, sur le bord de la route. Dans Luc 6, il choisit ses douze disciples alors  qu’il était en train de prier sur une montagne, puis descend jusqu’à un plateau où il accueille une multitude de personnes venues pour être guéries de leurs maladies et libérées d’esprits mauvais (6 :17). La lecture régulière de l’Evangile avec des prisonniers éclaire d’un jour nouveau de vieilles histoires du fait des conditions sinistres dans lesquelles les détenus se trouvent.

Nous lisons l’histoire du centurion romain à Capernaüm dont l’esclave bienaimé va mourir. Nous apprenons comment il envoie des anciens des Juifs demander à Jésus de venir et de sauver son esclave. Nous notons que les anciens vont à la rencontre de Jésus en insistant sur la valeur du centurion. “Il mérite que vous lui accordiez cela ; car il aime notre nation, et c’est lui qui a bâti notre synagogue” (Luc 7 :4-5). Jésus va chez lui, et je demande aux hommes s’ils pensent que Jésus y va parce que cet homme a de la valeur ?

Nous savons depuis le début que Jésus veut aller chez lui, bien que le texte ne soit pas clair si Jésus y va parce que les anciens l’ont convaincu de la valeur du centurion. Je demande aux détenus ce qu’ils en pensent.

Je sais, de par mes années d’expérience, que les personnes en crise essaient souvent de se rendre aussi méritantes que possible lorsqu’elles ont vraiment besoin de l’aide de Dieu. Je fais cela aussi. Il existe une présomption bien ancrée chez la plupart des gens qui pensent que Dieu est en réalité un juge ou un officier probatoire vérifiant que les hommes se conforment à ses préceptes, recherchant des évidences prouvant leur innocence ou des signes en accord avec leurs demandes. Même si les hommes affirment croire que Dieu sauve par grâce, lorsque nous avons vraiment besoin d’un miracle, nous ferons des sacrifices perçus comme plaisants à Dieu.

Les détenus pourront faire un effort supplémentaire pour châtier leur langage, confesser tous leurs péchés, ne manquer aucun culte, lire la Bible plus qu’habituellement, beaucoup prier, offrir des réponses qu’ils perçoivent comme justes dans les études bibliques, pardonner à leurs ennemis, jeûner, etc. Les anciens des Juifs reflètent cette théologie à laquelle chacun est familier. Ils insistent auprès de Jésus sur les mérites du centurion. Nous ne savons si Jésus les accompagne parce qu’il pense que le centurion le mérite. Tout ce que nous savons c’est que Jésus est en chemin vers la maison de ce centurion romain païen pour guérir (plutôt que libérer) un de ses esclaves. Nous continuons notre lecture en cherchant des indices sur ce qui se passe réellement ici.

Un homme  plus âgé, avec une barbe grise et avec la moitié des dents manquantes est en extase. Il a avancé dans la lecture et veut que nous sachions tous quelles bonnes nouvelles il a trouvées.

Il ne pense pas que le centurion romain ait lui-même parlé aux anciens des Juifs de sa valeur du fait de son aide à la construction de la synagogue.  Il argumente le fait que les anciens se font l’avocat du centurion basé sur leur croyance que les hommes ont à être méritants pour avoir leurs prières exaucées. Il pense que les anciens veulent son aide en continu pour leurs projets et font de leur mieux pour convaincre Jésus de les aider à lui rembourser en guérissant son esclave. Chacun est curieux maintenant de lire les versets suivants pour voir ce qui est en fait en train de se passer et s’il y a de bonnes nouvelles pour eux ou la confirmation de leurs suspicions négatives.

L’histoire nous montre clairement qu’à mesure que Jésus s’approche de sa maison, le centurion envoie ses amis (autres que les anciens) pour déclarer à Jésus qu’il n’en ait pas digne. Les amis, plutôt que les anciens, bénéficiaires de sa charité, sont maintenant envoyés. Ils parlent au nom de celui-ci : “Seigneur, ne vous dérangez pas plus, parce que je ne suis pas digne de vous recevoir sous mon toit ; c’est pour cette raison que je ne me considère même pas digne de venir à votre rencontre ” (v. 6-7a).

J’interroge les hommes. “Est-ce que la confession du centurion de son indignité empêche Jésus  de guérir son esclave ? “Jésus dit-il aux amis du centurion, ‘hé, attendez une minute, je pensais que cet homme avait de la valeur, que c’était un homme droit qui méritait un miracle. Comme il n’en a pas, dites-lui d’oublier…?” Les hommes se mettent à rire car cela ne peut être le cas. Nous devons cependant lire les versets suivants pour connaître la fin de l’histoire.

Nous lisons comment les amis du centurion transmettent sa demande détaillée qui modélise sa foi qui,  pour Jésus, par sa grâce et son amour, l’emporte sur son indignité.

“Mais dîtes le mot et mon serviteur sera guéri. Parce que moi aussi, je suis un homme sous l’autorité, avec des soldats sous la mienne ; et lorsque je dis à celui-ci, ‘Va ?’ et il y va ; et à un autre, ‘Viens ?’ et il arrive ; et à mon esclave, ‘Fais ceci ?’ et il le fait.”
Je trouve extraordinaire que le centurion ne se présente pas sous son meilleur jour face à  Jésus au travers de ses amis. Il donne à Jésus des exemples de sa vie de tous les jours en tant que commandant militaire romain qui donne des ordres aux soldats qui occupent la patrie de Jésus. Il ne donne pas d’exemple de son autorité exercée lors de  la construction de la synagogue de Capernaüm,  capitalisant sur  l’attrait exercé sur les anciens des Juifs. Il ne se cache  pas non plus, ni ne minimise le fait d’avoir un esclave. Il montre  plutôt les ordres qu’il donne à son esclave en tant d’exemple de l’autorité qu’il a sur les personnes dans un système de domination païen. On pourrait presque dire que le centurion donne de vrais exemples de sa “vie de crime” pour montrer qu’il comprend l’autorité de Jésus en tant que roi du Royaume de Dieu.

Jésus s’émerveille de cet homme et déclare publiquement à la foule et à ses disciples : “Je vous le dis, même en Israël, je n’ai pu de foi aussi grande ” (Luc 7:9). 

Par le passé, en lisant cette histoire, je pensais toujours à l’exemple de la foi du centurion comme la croyance que Jésus pouvait guérir à distance par un mot, donnant un ordre pour éradiquer la maladie. Alors que Jésus est certainement capable de  cela  et le fait dans d’autres épisodes de l’Evangile, aujourd’hui je vois quelque chose de neuf.

Quand nous arrivons à l’issue finale, quelque chose se passe dans notre cercle dans la pièce à tout faire de la prison du comté de Skagit. L’homme plus âgé avec des cheveux blancs lit le dernier verset.

 “Et lorsque ceux qui avaient été envoyés retournèrent à la maison, ils trouvèrent l’esclave en bonne santé.”


Ensemble, avec les détenus nous nous émerveillons de l’extrême humilité du centurion et de celle de  Jésus. Le centurion ne nettoie pas son image pour obtenir l’aide de Jésus mais se présente comme il est, confiant en la miséricorde de Jésus. Jésus ne prononce pas un mot  de  guérison à distance de l’esclave en public, impressionnant la foule, les anciens ou les amis du centurion. Jésus ne modélise pas son autorité sur celle du centurion. Les amis du centurion trouvent l’esclave rétabli, sans que Jésus n’ait reçu le moindre crédit pour le miracle. Jésus, donne plutôt au centurion ennemi, une modélisation de quelque chose qu’il appelle la foi, dont nous essayons de saisir le mécanisme pendant les dernières minutes de notre étude biblique en prison avant que les gardes ne viennent.

“Comment cette histoire résonne-t-elle en vous aujourd’hui?”  Demande-je aux hommes. “Qu’entendez-vous de Dieu pour vous dans cette lecture et discussion?”

“Le centurion sait qu’il est indigne mais demande néanmoins à Jésus un miracle,” dit quelqu’un. “Nous pouvons faire ça ici en prison, et cela me donne de l’espoir que Jésus me répondra, même quand  ma vie est de guingois et que je ne mérite pas d’aide.”

“Jésus veut aller là où vit le centurion, qu’il soit digne ou indigne,” dit un autre.


Nous parlons de la foi en tant qu’assurance que nous pouvons faire appel à Jésus pour une aide concrète et immédiate tels que nous sommes, sans avoir à laver nos actes. Nous pouvons compter sur lui, pour qu’il vienne à nous, où que nous soyons.  Nous passons les dernières minutes en prière, remerciant Jésus d’être déjà en chemin vers nous, soit parce que d’autres prient pour nous, soit parce que nous demandons de l’aide pour nous-mêmes. J’invite les hommes à oser faire connaître leurs requêtes à Jésus sans préjuger de leur situation présente. Ensemble, nous exprimons nos prières avec un nouvel espoir.